Altruisme et individualisme
Partout où il y a de la société, il y a de l'altruisme, parce qu'il y a de la solidarité, disait Durkheim dans La division du travail social. La politique libérale sous ses formes intelligentes ne refuse pas de voir l'altruisme à l'oeuvre, affirmait Perroux dans L'économie du xxème siècle. Cette disposition bienveillante envers les autres est le lien de la société. Nizan pensait pourtant - alors qu'il était communiste - que dans certaines névroses comme l'hystérie, l'altruisme était érigé en dogme ... Le discours dans ce cas, est entièrement tourné vers autrui, et le comportement n'est construit qu'à partir de l'autre. Cela a pour conséquence néfaste de réduire les efforts que fait l'individu pour lui-même. Or l'efficacité d'une société est aussi le cumul du travail que chacun met à l'oeuvre pour soi-même. Vivre de son travail, acquérir des biens et des services au sens large, dans le respect des valeurs écologiques et pour le bien de tous, est la façon la plus efficace de créer ceux-ci. Ce savant mélange entre altruisme et individualisme fait la force des sociétés modernes, n'en déplaise aux tenants de l'ultra libéralisme ou du marxisme. Pour utiliser une métaphore, si la société est une maison, l'individualisme en est le parpaing, l'altruisme en est le ciment. Dans la communication médiatique ou même sur Internet, les voeux d'altruisme et de générosité sont partout. L'individualisme en est totalement absent. Ne faut-il pas, de temps en temps dans nos discours, faire la promotion de l'effort personnel, de la responsabilité individuelle, de l'aventure singulière et de la créativité pour soi ? ... Pour illustrer ce billet provocateur, une citation d'un romancier anglais :
Vous ne devez pas désirer ardemment être aimé. On donne de l'amour à ceux qui par altruisme s'intéressent aux autres plus qu'à eux même. C'est pourquoi on aime rarement une personne de génie de son vivant.
Walpole Hugh Seymour