Les facéties d'Hippocrate - Morceaux choisis - La recherche
LA RECHERCHE
Mon malade suivant exhibe une grosse tête un peu chauve, des épaules grassouillettes. Encore un chercheur ! Mais au CNRS celui-là ! Et il n’est pas de la même trempe que l’anglais !
Certains bossent nuits et jours en ne pensant qu’à leurs travaux. Celui-là sort du boulot vers 15 heures… Parce qu’il ne faut pas exagérer non plus ! Aujourd’hui, il s’est tiré à midi. Il va chez le docteur.
Il est inquiet, le scientifique ! Une douleur pernicieuse lui mine la poitrine !
Il redoute l’infarctus, le matou. Avec tout le labeur qu’il fournit ! Au moins quatre heures par jour !
— Vous ne vous rendez pas compte, me dit-il. On est en pleine restructuration. Je vais peut-être être obligé de changer de service !
J’ironise :
— C'est vrai que c’est dur.
La précarité, c’est parfois insupportable ! Plus rien ne protège des aléas ! Il bosse un peu toutefois, celui-là. À côté de mon pote Bertrand, il aurait presque une tête de courageux.
Je l’examine, l’ausculte, le palpe, Il n’a rien de grave. De simples douleurs de paroi sur le thorax. Je le rassure, son heure n’est pas encore venue !
— Ouf ! commente-t-il.
Il avait peur de claquer bêtement. Si près de la retraite à 55 ans ! Après des années passées au service de la science.
C’est vrai que ça épuise, la recherche. Ça éreinte ! Ça esquinte ! Surtout quand on ne trouve rien…